Lorsqu’en janvier 2016, j’ai commencé ma formation de Doula, il m’a été demandé comment je m’imaginais exercer. Je me souviens très précisément de ma réponse : « Ma place, en tant que Doula, c’est en salle de naissance ». Certainement, le souvenir de mon premier accouchement et la présence bienveillante qui m’avait alors manqué ont pu influencer ma réaction. Mais je sais aussi qu’au plus profond de mon coeur, lorsque je fermais les yeux, c’est exactement là où je me voyais, là où je souhaitais être. Il aura fallu un tout petit peu plus de deux ans pour que la Vie me fasse ce merveilleux cadeau.
Je pourrais écrire ma joie lorsque j’ai vu son nom s’afficher sur mon portable ce matin là, l’excitation qui a suivi, le sac préparé il y a quelques jours mais que j’ai vérifié une dernière fois…pour ne finalement pas l’utiliser. Je pourrais écrire la pureté du paysage enneigé, la forêt majestueuse et cette luminosité magique après ce dernier mois si gris. « Quelle belle journée pour venir au monde » ai-je pensé sur le chemin pour arriver à la maternité. Je pourrais écrire mes premiers tâtonnements pour pouvoir l’accompagner au mieux et au plus près de ses besoins. Je pourrais écrire toute la douceur et la bienveillance de la sage-femme de garde, son respect pour la physiologie. Je pourrais écrire le temps qui n’existe plus ou alors de manière tellement différente dans cette bulle. Je pourrais écrire nos mains entremêlées, nos voix entrelacées si bien qu’à certains moments, il n’était plus possible de distinguer qui d’elle ou de moi vocalisaient ces sons graves et mon coeur qui battait à l’unisson du sien au rythme de ses contractions et de la descente de son bébé. Je pourrais écrire le shoot d’ocytocine et l’odeur si particulière et presque addictive de la naissance, encore et encore.
Mais ce que je souhaite écrire, c’est surtout toute la beauté et toute la puissance de cette femme qui m’a fait l’honneur de l’accompagner. Son courage à toute épreuve, sa confiance en son bébé, en son corps, sa force, sa détermination, sa douceur, ses questionnements, sa capacité à aller chercher ses ressources dans l’intensité de la tempête, son miracle. Ce que je souhaite écrire, c’est le sourire du Papa lorsqu’il a rencontré son bébé, ce sont mes larmes qui ont roulé en silence le long de mes joues une fois qu’ils ont été tous les trois réunis et que je me suis éclipsée. C’est le respect profond et total ressenti pour la Femme et pour la Vie.
Si l’on m’avait dit lorsque j’ai donné naissance à Rose dans la peur et dans la souffrance, que cinq ans plus tard, exactement au même endroit, je serai aux cotés d’une Maman en tant que Doula, jamais je ne l’aurais cru… Mais ce que je n’aurais surtout jamais pu croire, c’est ce sentiment d’être à ma place, exactement là où je devais être…