A toi qui n’as même pas regardé mon dossier lorsque je suis arrivée aux urgences et qui m’as demandé comment je pouvais être certaine d’avoir des contractions, à toi qui m’as parlé comme une enfant de cinq ans parce que je ne souhaitais pas prendre de médicaments parce qu’ici ça ne se passerait pas comme ça, que je risquais d’avoir un cerclage, tout ça sans m’avoir examinée. A toi qui connais très bien la pathologie puisque c’est ta formation mais qui ne seras jamais dans mon corps et dans mon ressenti. A toi qui enchaines les gardes, à toi qui es épuisée et qui en finis par oublier que la personne en face, elle est aussi humaine que toi et qu’elle a besoin de respect et d’un minimum de considération, tout comme toi.
A toi à qui j’ai répété plusieurs fois que j’avais eu un rapport compliqué à la nourriture, à toi qui m’as demandé dès le premier rendez-vous combien j’avais pris pour ma première grossesse et qui lorsque j’ai dit « 10kg » m’as répondu qu’il faudrait prendre moins, à toi qui il y a quelques jours m’a demandé ce qui m’arrivait parce que j’avais pris 2kg en un mois et qui m’as fortement conseillé d’arrêter les sucreries, sans avoir la moindre idée de ma façon de m’alimenter et en oubliant vraisemblablement les vomissements émétiques qui ont été mon quotidien pendant 3 mois.
A toi que j’ai informé avoir beaucoup de contractions, notamment des douloureuses lorsque j’étais en voiture et qui m’as répondu que je pouvais marcher et que de toutes façons certaines femmes étaient plus sensibles que d’autres. A toi qui ne m’as pas entendu ni écouté, peu importe à quel point j’ai parlé et reformulé. 15 minutes par femme, ce n’est pas si long pourtant ?
A toi qui m’as été recommandé, parce que tu étais un bon échographe. Mais une grossesse ne se range pas dans des courbes de croissance et des percentiles. Il y a tout ce qui s’échange et se partage. Il y a tout ce qui échappe aux chiffres, si on prend ne serait-ce qu’ un peu de hauteur avec les protocoles et si on laisse le miracle de la vie opérer.
A toi qui m’as accueillie à l’infirmerie, plusieurs fois, mis du chaud sur mon ventre et écoutée lorsque les nausées étaient tellement fortes qu’elles prenaient toute la place. A toi qui as toujours eu un petit mot gentil et un sourire encourageant. « Mais vous pouvez rester encore quelques minutes, n’hésitez pas » ;
A toi qui m’as reconnue quatre ans après à peine passée la porte de ton cabinet, à toi qui as trouvé les bons mots pour décrire ce qui s’était passé lors mon premier accouchement, sans jugement mais avec justesse et pudeur. A toi toujours qui m’as proposé de laisser les portes ouvertes, que cela soit pour le lieu d’accouchement mais aussi le recours ou non à certains protocoles.
A toi qui réponds présente par sms, alors que tu n’es plus ma sage-femme et que tu ne l’as pas été depuis un bon moment. A toi qui te souviens de comment je suis et ce qui est important pour moi.
A toi que j’ai été voir en urgence, complètement paniquée par un certain discours et ces deux kilos de gagnés. A toi qui connais mon parcours avec mon corps et la nourriture, à toi qui m’as écoutée, qui m’as enveloppée de bienveillance et de douceur, qui m’as pris la main lorsque les larmes roulaient, qui m’a prouvé par A+B que ce que je faisais était bien, qui m’a rappelée que la grossesse était une période de célébration de la vie et qu’on n’était marié avec aucun soignant.
A toi qui as été, es, sera enceinte, le monde des soignants est vaste. Certains te conviendront, d’autres beaucoup moins. Mais si tu es honnête avec toi-même, c’est quelque chose que tu sauras très vite. Alors écoute toi, essaie, demande, questionne, compare, expérimente. L’accompagnement médical de la grossesse importe. Tu oublieras peut être les noms, les dates, les lieux mais tu n’oublieras jamais ce que les personnes t’auront fait ressentir alors entoure toi de celles qui te font du bien à toi et à ton bébé et laisse les autres. Parce que tu mérites d’être entendue, tout simplement.
Merci une fois de plus ma belle Julia!!!
Un témoignage poignant qui me touche toujours autant!
Prend soin de toi et n hésites pas à m appeler si tu as besoin
Plein de bisous
Les soignants qui n’écoutent pas, qui infantilisent, qui jugent, qui considèrent les patients comme des numéros qui défilent, sont encore bien trop nombreux … Tu sais ce que je pense de ça, comme ça me heurte, comme ça me révolte.
Tu as raison d’en parler. C’est important que les femmes sachent qu’elles peuvent changer de praticien si besoin, qu’elles ne sont pas enfermées avec le leur coûte que coûte, et surtout, que des soignants bienveillants, ça existe aussi ! Et quand on trouve la perle rare, la personne pour répondre à la fois à nos besoins médicaux mais aussi à nos besoins humains d’écoute et de respect, alors là, quel cadeau ! <3
Je t'embrasse ma Ju !
Oui forcément, cette thématique fait écho à quelques moments de notre année de formation mais aussi à ce qu’on a pu vivre personnellement…Ca m’a fait du bien d’écrire ce texte et je suis contente qu’il t’ait parlé également ma Lili <3
Merci ma Zou pour ton commentaire ici 🙂 J’avais envie d’écrire un article qui montrait les deux facettes car rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir (et heureusement). Et tout comme toi, je suis persuadée que le suivi de la grossesse est trop important pour qu’il soit un choix en demie teinte. L’important, c’est de s’écouter et de se tourner vers les soignants qui nous comprennent et nous respectent car ils existent! Gros bisous !
J’ai failli verser ma petite larme. Prends soin de toi ma belle !
Merci Lucile 🙂 Il y a des soignants extraordinaires, j’en suis bien consciente et tu en fais partie <3