Il m’a fallu trois ans après la naissance de ma fille pour pouvoir d’abord envisager puis souhaiter devenir mère une seconde fois. Les nausées très fortes de ma première grossesse sont en majeure partie responsables de ce positionnement. Je ne voulais plus jamais revivre ça. J’ai cheminé évidemment et l’envie d’un deuxième enfant s’est inscrit dans un contexte tellement différent que j’ai eu l’espoir que chaque grossesse étant unique et singulière, les choses seraient forcément différentes cette fois ci.
Je n’avais pas tort, elles l’ont été, seulement pas dans le sens que j’aurais espéré. Tout comme pour ma première grossesse, les nausées sont apparues le lendemain de la confirmation par prise de sang. A la différence de ma première grossesse (où j’avais pourtant déjà l’impression d’être allée au bout de mes limites en termes de vomissements), j’ai connu ce qu’on appelle l’hyperémèse gravidique, autrement dit j’ai vomi entre 8 à 10 fois par jour pendant les quatre premiers mois de grossesse. Je ne pouvais rien garder, je perdais du poids, j’étais drainée. Si je n’avais pas eu ma fille, je me serais faite hospitalisée, c’est évident. Début avril, j’ai entamé le septième mois de grossesse et les nausées sont encore là, au quotidien, telles des compagnes fidèles dont j’aurais aimé me débarrasser il y a longtemps.
Je souhaite partager dans cet article qui sera sans doute bien long ce que j’ai essayé et ce qui m’a réellement aidée face à ces nausées de grossesse. Il est évidemment important de garder à l’esprit que c’est uniquement le reflet de mon parcours.
Ce que j’ai choisi d’essayer
La naturopathie
Lorsque j’ai commencé à envisager une deuxième grossesse, j’ai décidé de préparer mon organisme en amont en adoptant une hygiène alimentaire qui me convienne grâce au suivi naturo que j’avais déjà entamé. Je me suis également intéressée à mon foie, cet organe magique qui est mis à rude épreuve pendant la grossesse afin de l’aider à se nettoyer pendant la saison d’été et à limiter ce qui pourrait le fatiguer.
La supplémentation en vitamine B12
Parce que j’avais lu des études scientifiques liant la carence en vitamine B12 et les nausées de grossesse, j’ai décidé de faire une cure d’acide folique et de vitamines B, notamment la B12 à partir du moment où le projet d’avoir un deuxième enfant.
La phytothérapie
Lorsque les nausées ont commencé, je me suis dirigée vers des choses naturelles : le citron dans tous ses états et le gingembre sous toutes ses formes, en poudre, en gélules, en tisane. J’ai continué lorsque les vomissements se sont intensifiés. Et puis ensuite j’ai abandonné les plantes pour passer aux boissons gazeuses sucrées et chimiques, aux Tuc plein d’additifs. Mais rien n’y a fait.
L’acupuncture
J’ai été voir un médecin acupuncteur trois fois, il semblait très intéressé par mon cas qu’il décrivait comme atypique, « Madame Kate Middleton » était mon surnom. J’ai apprécié ses explications et son honnêteté lorsqu’à la deuxième séance, j’étais de plus en plus malade et qu’il a m’a fait comprendre qu’il ne servait à rien de m’acharner, que le peu qu’on gagnait ne suffirait pas à m’apporter un vrai soulagement. J’ai quand même acheté les bracelets anti nausées en pharmacie, sait-on jamais.
L’ostéopathie et la kinésithérapie
J’ai eu la chance d’être entourée de professionnelles très compétentes qui ont été à la fois touchées par ma situation et qui ont fait leur maximum pour mettre leurs compétences au service de ma cause. Les cervicales, le foie (oui encore lui), l’estomac, le bassin, tout a été passé au crible. En vain.
Les Fleurs de Bach
J’ai croisé la route d’une conseillère en fin de formation et j’ai pu bénéficier de deux séances avec elle. Les fleurs de Bach correspondent à un trait de caractère et/ou une émotion particulière. Pendant deux mois, j’ai donc eu deux préparations adaptées à ce que je traversais et à la façon dont je me sentais. Pour être honnête, mes émotions ont été ravivées par les fleurs de Bach, ce qui ne signifie pas qu’elles n’ont pas fonctionné mais cela a été assez déroutant, voire violent par moment.
Le cheminement intérieur
Dans le langage du corps, les nausées et les vomissements sont le reflet de la colère. Si j’avais compris et analysé cette colère pour ma première grossesse, je me suis rapidement rendue à l’évidence : le travail n’était pas terminé puisque la même problématique revenait encore plus forte… C’est une interprétation très personnelle et je sais qu’elle seule n’explique pas tout. Il m’a fallu une rencontre nécessaire, du temps, de l’acceptation pour mesurer l’ampleur de ce qui m’animait et de ce dont il m’était nécessaire de me débarrasser.
Ce qui m’a vraiment aidée
La bienveillance
Que l’on m’écoute, que l’on accueille ce que je ressente et ce que j’ai à exprimer, sans forcément chercher des solutions, sans me faire culpabiliser non plus, sans être dans la comparaison ni dans la performance. « Oui c’est inhabituel d’avoir encore des nausées et alors ? Non, les médicaments ne peuvent rien. Oui j’ai essayé beaucoup de choses, non rien n’a marché jusque là. Oui je suis ravie d’apprendre que la cousine de bidule a été malade jusque sur la table d’accouchement. Non « drôle n’est pas le terme le plus adéquat pour décrire ce que je vis. » Qu’on soit là à mes côtés. Qu’on soit, pas qu’on fasse.
L’acceptation
J’étais déjà passée par là, c’était plus fort, c’était plus douloureux, c’était différent avec tout ce qu’une seconde grossesse suppose lorsqu’on s’occupe d’un premier enfant et qu’on travaille à temps plein. Mais je savais que j’étais capable de supporter ce qui viendrait, même si je n’en avais aucune envie. Très vite, j’ai décidé de ne pas entretenir le sentiment de colère et d’injustice (« Pourquoi moi ? Pourquoi encore moi ?« ) et de ne pas me comparer aux autres femmes. J’ai ouvert les bras à ce que je vivais, autant que possible, ce qui ne signifie pas que cela a été facile, cela s’est fait dans les larmes et dans la douleur.
La connexion avec mon bébé
Je sais que ce n’est pas mon bébé qui est responsable, que ce n’est pas moi non plus, qu’une situation donnée a toujours plusieurs facteurs, que c’est la façon que mon corps et mon coeur ont choisi de réagir à l’état de grossesse. Je n’avais aucun contrôle si ce n’était celui de ne pas laisser ces désagréments venir ternir ce à coté de quoi j’étais passée lors de ma première grossesse : le lien avec ce bébé que je portais et tout ce que cela m’apporterait de faire avec et non contre.
Le soutien de femmes à femmes
Parce que cela fait écho à mon histoire, à ma formation de doula, à mes valeurs. Parce que je suis entourée de femmes différentes et que j’ai eu la chance de pouvoir compter sur leur retour d’expérience, leur honnêteté mais aussi tout simplement leur soutien, physique et moral, proche et à distance, leurs bras pour accueillir mes pleurs et leurs encouragements. J’ai réalisé qu’en tant que femmes, nous partageons toute cette capacité à donner à la vie, avec toutes nos singularités et nos points communs. Et cela m’a aidée de savoir que je n’étais ni la première ni la dernière à vomir plus que je ne m’en pensais capable.
En conclusion
Sept mois que je vis avec les nausées, au quotidien, que je me suis habituée à faire avec elles, que mon rapport à la nourriture a été chamboulé par cet état de grossesse, que cela a impacté mon entourage. Bien sûr que si j’avais pu choisir, j’aurais souhaité avoir une grossesse sans vomissements ni nausées. Parce qu’on ne va pas se mentir ici, être épanouie tout en vomissant et en ayant le coeur au bord des lèvres en permanence, c’est compliqué, pour moi en tous cas. Parce que ça ne correspond ni à l’idée qu’on se souhaite à soi même ni à celle que les autres nous renvoient. J’ai pleuré, j’ai pesté, j’ai trouvé ça injuste, j’ai été en colère, j’ai voulu trouver des solutions et des explications. Mais rien n’y a fait, c’est ce que j’ai eu. Alors j’essaie jour après jour de prendre ce qui vient, comme ça vient. Avec le sourire parfois, avec les larmes d’autres fois, souvent avec un peu des deux…
Merci pour ton témoignage, cela fait un bien fou de te lire, j’ai un enfant de 6ans, et ma grossesse à ressemblé à la tienne. Nausées et vomissements quotidiens jusqu’au 7e mois mais je ne l’ai pas vécu tt à fait pareil car cela faisait 2ans qu’on l’attendait et qd je vomissais ça me rassurait en quelque part que les hormones jouaient bien leur rôle (fausse couche 2ans plus tôt à 2mois) donc comme tu l’as dit à chaque situation, un historique différent qui emmène forcément une réaction différente face à un même symptôme. Après ses nausées et vomissement, ont pris le relais des brûlures gastriques et oesophagienne…. Alors… Là…. Gaviscon est devenu mon inséparable compagnon de sac à main…. Ça aussi on peut en parler ? car jusqu’à mon accouchement dur dur…. Il n’y a que depuis un an où je me suis sentie « prête » à donner un frère ou une soeur a notre fils mais j’ai encore des appréhensions car ma première grossesse à été difficile mais magnifique à vivre à la fois: allongée les 3 premiers mois pr risque de fausse couche avec un décollement de l’oeuf, puis les nausées (perte de 6kg les 3 premiers mois youpiiii), les reflux,
Les prises de sang mensuelles.. Ça aussi ça paraît pas méchant mais pour ma part une angoisse car mal fournie en veine je finissais tjs avec plusieurs essais et des pansements à chaque bras….
L’accouchement….. qd tu es sondée 5 fois (avt, pdt et après) tu déclare une super infection urinaire, que t’es déchirée par le passage du bébé (juste de 46cm pour 2’810 kg) de haut en bas, et que t’as sortie des hémorroïdes et que t’as démarche devient celle d’un cow boy en puissance et que même pas tu supportes de t’asseoir sur ton postérieur ! MamaMia….
6ans plus tard j’ai pas oublié mes pleurs de douleur….
Parler des pleurs justement ça aussi on peut en parler sans tabou ? Car perso j’y étais pas préparée et n’avait absolument aucune idée de ce à quoi ça ressemblait ni comment y faire face. Et bien cela a été extrêmement difficile à supporter pr ma part et me mettais très mal à l’aise ne sachant pas forcément comment y répondre et ça m’a rendu folle par moments.
Donc ça, plus les suites douloureuses de l’accouchement, les montées de lait qui te déchirent les seins etc. bon sang on est servies pour une première fois, on l’a désiré plus que tout ce petit bout mais wow un peu violent la première expérience…. Et de sa naissance jusqu’à ces 6ans (pas fait ses nuits jusqu’à plus de 2 ans, opération hernie inguinale, opération pouce à ressot, intervention double frein de langue, malade toutes les 3 semaines (oui oui malgré 3 mois et demi d’allaitement complet) à chaque poussée dentaire une otite, sujet aux terreurs nocturnes, plus de sieste du tout à partir de l’âge de 2ans de demi avec nous…..) on se demande comment on peut vouloir y retourner on est masos ^^
J’ai déballé mon histoire pardon mais qu’est-ce que ça fait du bien de lâcher son vécu !
Car un peu marre des grossesses et enfants et maman catalogue de mon entourage….. Non ce n’est pas tout beau tout rose (ou bleu) pour toutes et tous car il ne faut ne pas oublier que ça bouleverse et inquiète tt autant les papas même s’ils ne subissent pas physiquement les effets de la grossesse.
Bien à vous!
Cindy.
Témoignage touchant… Je crois qu’il n’y a pas grand chose à dire, ou à faire, si ce n’est t’envoyer plein d’ondes positives et pleiiiiiin de chaudoudous !
Bienvenue ici et merci beaucoup Cindy pour votre long commentaire. Effectivement, pouvoir parler de son expérience, quelle qu’elle soit, est vraiment essentiel à mes yeux. C’est important de pouvoir y revenir, de partager ses émotions, traumatismes et difficultés, de lever le tabou selon lequel la maternité, ce n’est que du bonheur, de laisser aux femmes la possibilité de vivre leur expérience même douloureuse et difficile sans jugement mais avec bienveillance et surtout de pouvoir dire tout haut ce qu’on a ressenti. Je pense que ça aide à accepter et à tirer les leçons, même si on oublie complètement jamais. Prenez soin de vous…
Moi je prends toutes tes ondes positives et tes chaudoudous, tu le sais <3
Merci pour votre partage en tout cas, ça désacralise l’image de la grossesse tout en bienveillance exactement.
Je triai les vêtements de notre fils et les larmes me sont venues. Je suis prête à accueillir un nouvel enfant à vivre une seconde grossesse et partager cela avec mon fils
A chacune le temps de s’y préparer petit à petit
Merci pour les conseils également ça permet d’aiguiller si besoin !
Profitez et prenez soin de vous en tout les cas.
Cindy.